Comme il fallait s’y attendre, et nous le redoutions même sur ces mêmes colonnes, le choc Etoile du Sahel-Espérance de Tunis disputé avant-hier à Sousse, dans le cadre de la finale aller du championnat, n’offrait pas toutes les garanties d’un déroulement normal. Il était plutôt précédé de menaces potentielles qui se sont, malheureusement, traduites sur le terrain, en dépit des mesures préventives réellement exceptionnelles prises aussi bien par la fédération que par les autorités régionales, locales et sécuritaires du gouvenorat de Sousse. Ces mesures avalisées, de surcroît, par les responsables des deux clubs, se sont en effet avérées improductives, puisque la tension a commencé à monter bien avant le coup d’envoi de la rencontre, d’abord autour de la salle, ensuite devant les vestiaires et, enfin, dans des gradins noirs de monde où régnait une ambiance électrique, voire explosive. Et ce qui devait arriver arriva, suivez le film de ce qui sera un vrai drame. 37e minute: alors que l’Espérance, dans un jour de grâce, menait par six points d’écart (20-14), un ouragan surgit soudain des gradins pour se transformer rapidement en tsunami : jets de pierres, de chaises et de fumigènes en direction du banc et des joueurs «sang et or» qui, sous une pluie de slogans obsènes et régionalistes, réussirent difficilement à s’échapper pour sauver leur peau, non sans être pourchassés et agressés, pendant leur fuite, par des joueurs de l’équipe locale ! Un quart d’heure après cette mascarade honteuse, les visiteurs, rassurés par l’intervention des délégués du match, acceptèrent de revenir sur le terrain. Mal leur en prit, puisqu’ils furent accueillis par une autre salve de projectiles. Le même traitement leur sera réservé à leur sortie suivante sur le parquet. A ce moment-là, une conviction s’empara des présents : impossible de continuer le match dans des conditions si chaotiques. Ne restait plus que l’ultime solution : vider la salle, en renvoyant le public déchaîné à la maison, ce qui sera fait, au terme d’après négociations avec les dirigeants de l’Espérance de Tunis.
Ouf de soulagement, reprise pénible de la rencontre, après près d’une heure d’arrêt de jeu! Du jamais vu, ou presque dans les annales du handball tunisien.
Boughanmi au-dessus du lot
Le tsunami maîtrisé grâce à l’intervention efficace des représentants du bureau fédéral Maher Ben Othman et Rayhane Sfar, et des délégués du match Khaled Ben Salah et Faïez Abid, redépart donc pour les 23 minutes de jeu restantes qui seront étoilistes. En effet, les locaux, galvanisés par les prouesses individuelles de Amine Darmoul, Anwar Ben Abdallah et Rafik Bacha, réussirent une belle remontée qui leur permit de revenir à un point (24-23). Mais, ils seront trahis, au bout du compte, par ce «diable» nommé Oussama Boughanemi, auteur d’un grand match (12 buts). Rideau sur un choc à oublier et qui a failli périr en cours de route. Rendez-vous donc samedi prochain pour la manche retour qui nous fera connaître le nom du champion de Tunisie 2018-2019. Demain, il fera jour.
Mohsen ZRIBI